Depuis le temps qu’il m’a été donné de participer à des jurys de concours, force est de contaster, avec inquiétude parfois, avec amertume souvent, avec regret toujours, que, si les candidats ne sont pas retenus, c’est qu’ils n’étaient pas au bon endroit.
Ils se sont trompés sur le choix des scènes; les textes élus ne révèlent pas au mieux leurs aptitudes du moment – ou alors ils n’ont pas assez fouillé, examiné, décortiqué les partitions; partant, on assiste, impuissants, au survol, au décalage, à l’exercice de style où la forme présentée n’est bien souvent qu’un cache misère – ou enfin, et je pourrais à l’envi énumérer d’autres exemples, ils n’ont pas assez sollicité la voix (et ses nuances) et le corps (et son énergie) pour faire éclore un moment qui leur fera franchir le cap.
C’est la vie et le jeu, au sens plein des deux termes et indissociablement joints, qui manquent le plus cruellement dans les scènes de concours.
Ne pas croire au miracle, ne pas laisser son ardeur en jachère, mais travailler à réunir ses propres qualités et les offrir.
Alors, et seulement alors, on aura envie de vous faire entrer dans le jeu.
François-Xavier Hoffmann
Depuis quelque temps, je passe mon temps à coller mon oreille sur des portes pour écouter. Je me concentre donc uniquement sur les voix. Et je suis navrée de constater (sauf exception) que tous, nous posons notre voix sur un texte de LA MEME MANIERE.
Souvent il n’y a plus aucune sincérité, les mots deviennent simplement des feuilles de papiers blanches qu’on lâche dans le vide ; elles tournent sur elles-même de manière différente selon comment on les a lâchées. Seulement un mot dans notre bouche reste une simple feuille de papier blanche. On ne cherche pas à la remplir de sens ou simplement à laisser le mots la remplir de ses couleurs, de ses « nuances ».
Farouk Bermouga , professeur qui a quitté Florent, me disais au début de l’année « Sors de l’imagerie du théâtre. Sois sincère ! ». Je ne comprenais pas. Maintenant que j’observe cette école je comprend un peu mieux. Nous avons tous un même désir : FAIRE DU THEATRE. Mais à vouloir trop en faire, on s’accroche à une espèce « d’imagerie du théâtre » où toute sincérité disparaît, où il n’y a plus « l’urgence de dire », comme dirait Julie Lavergne ou juste une fausse urgence, une urgence construite.
J’avais des doutes sur cette école, j’avais l’impression qu’on voulait nous faire rentrer dans un moule.
Mais ce n’est pas ça. Nous nous fourrons dedans tout seul. Car on se sent vide, on veut se remplir tout de suite, le plus vite possible, alors on se remplie d’une chose en apparence lourde et pleine mais qui n’est, en fait, qu’une coquille vide si on n’a pas pris le temps de la remplir ; l’imagerie du théâtre.
PS : Tout ce qui est écrit est une prise de conscience personnelle et bien sûr n’est pas valable pour tout le monde. Je n’impose pas ma pensée, je la partage seulement.