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Pédagogie

Vincent Lindon, président du Prix Olga Horstig 2014

Vincent Lindon, président du Prix Olga Horstig 2014

Le Théâtre des Bouffes du Nord accueille, une fois encore, les lauréats du Prix Olga Horstig. Philippe Calvario se voit confier ce délicat travail, celui de présenter une vingtaine d’élèves sortants sous leur meilleur jour. Le cadre de la forêt dans l’œuvre de Shakespeare lui a semblé tout à fait approprié pour révéler les talents de nos chers brevetés triés sur le volet. Et cela donne Shakespeare in the woods. De larges extraits de Comme il vous plaira et du Songe d’une nuit d’été, notamment, faufilés les uns avec les autres pour raconter l’amour sous différentes facettes.

L’amour, toujours l’amour… Tout le monde s’y attèle dans des variations folles et échevelées, cocasses ou tragiques, la mort rôdant partout. Et la peur, et le désir. Le plateau couvert de terre, un arbre sur le côté, une souche de l’autre, des praticables et au lointain un orchestre pour animer le verbe et accompagner des chansons.

IV1A6428Deux heures durant, les jeunes gens s’ébrouent, se frottent les uns aux autres, se heurtent contre les murs d’incompréhension et de malentendus. Un vent de jeunesse souffle dans le théâtre portant avec fracas la question de l’être et de l’autre. Philippe Calvario anime cette quête éperdue de l’amour avec tout le talent qu’on lui connaît. Le groupe est uni, lié dans la même énergie. Et pourtant, il a fallu en distinguer deux. C’est la loi du genre, le résultat du prix. Le jury de professionnels, venus nombreux à l’invitation de Sherazade Benaddi, a voté. Et les gagnants sont… Alexiane Torres et Hugues Jourdain.

Vincent Lindon, fidèle parmi les fidèles du Cours Florent, préside la soirée et remet les récompenses. Il raconte avec délectation qu’il n’a jamais rien remporté. Des nominations et rien d’autre… Il rappelle son échec cuisant, mais mérité, dit-il dans un sourire modeste, au concours de la Classe libre. Il insiste sur le fait qu’un prix c’est une étoile qui brille un soir, mais que la flamme doit être entretenue tous les jours. Que cela soit entendu une bonne fois pour toute.

Encore merci, Monsieur le Président, pour votre attention et votre clairvoyance !

Et si on parlait théâtre avec Jean-Michel Rabeux…

Vincent Brunol a emmené sa classe de 1ère Année à la MC93 de Bobigny pour assister à une représentation de R. and J. Tragedy, une libre adaptation du Roméo et Juliette de Shakespeare. Dans les rôles-titres deux anciens : Vimala Pons et Sylvain Dieuaide. Le metteur en scène du spectacle, Jean-Michel Rabeux est venu à leur rencontre.

C’est quoi être acteur ?

Mais à quoi sert de faire du théâtre aujourd’hui ?

C’est avec ces questions lourdes de sens qu’on aurait pu commencer. C’est pourtant par cet échange, qu’on croyait ultime, que Jean-Michel a relancé la machine pour une demi-heure supplémentaire d’entretien passionnant à propos de son « adaptation pillage » de Roméo et Juliette de Shakespeare.

Pillage ?

 « J’ai tout réécrit de mémoire quand j’étais en voyage à Rome, sans le texte. Je voulais aller à l’essentiel. » On comprend mieux le propos du metteur en scène quand on assiste à une représentation de R. and J. Tragedy. Le texte de Shakespeare y est presque absent, comme condensé et écrasé. Il y a une urgence folle qui conduit les protagonistes à une mort certaine. C’est de cette urgence à dire que se nourrit Rabeux, semble-t-il, une révolte qui ne tarit pas et qui nourrit son propos.

Pourquoi monter cette pièce?

« Ceux qui torturent, ceux de la guerre, les mêmes qui interdisent d’aimer, car c’est de ça que je parle et ceux-là, je ne les aime pas. Roméo et Juliette sont deux enfants à qui on interdit d’aimer. »

Dans R. and J., les acteurs sont habillés en nuisettes, filles et garçons, ils sont nus, dépouillés de leur corps social, fragiles, à la merci, et laissent passer à travers leurs failles la lumière, une humanité profonde. J’ai la sensation d’être à leur merci moi aussi, tant par la proximité de ces corps, imposée par la scénographie, mais aussi par ce que les acteurs installent, un danger permanent, on n’est pas tranquille dans ce théâtre-là.

Pour mieux faire comprendre son propos, Jean-Michel Rabeux est revenu aux origines du théâtre. D’abord à Mycènes, en Grèce, pendant la période archaïque où le prêtre sacrifiait devant la foule rassemblée, le bouc dont le sang se répandait dans les rigoles de la cité et jusqu’à la mer, emportant avec lui les malheurs de la société comme une purge. Il y a du rite dans ce théâtre et l’acteur, selon lui participe à ce rite ancestral encore aujourd’hui.

Ils les aiment les acteurs, Jean-Michel Rabeux.

Jean-Michel Rabeux | © Gantner

« C’est un putain de métier, le plus beau. Les acteurs portent sur eux le malheur du monde et je les aime pour ça. Si on sacrifie deux enfants sur un plateau de théâtre parce qu’ils s’aiment, c’est pour que ce genre de choses n’arrive pas en vrai. C’est une utopie, mais j’aime les utopies. »

 

Vincent Brunol

http://www.rabeux.fr/accueil

Dates de tournée 2012/2013

MC93-BOBIGNY, du 11 au 29 janvier 2013

Scène Nationale du Petit Quevilly – Mont Saint Aignan, du 03 au 05 avril 2013

 

Lire le théâtre contemporain

Le Théâtre National de la Colline a envoyé un de ses dramaturges, Gérard Elbaz, dans une des classes de Georges Bécot. Pendant trois séances ce passionné de littérature théâtrale contemporaine a échangé son amour des textes avec les élèves.

« Qui est cet illuminé ? » « C’est quoi ce cours ? »
Ce sont les questions que je me suis posées tout au long de la première séance de lecture avec Gérard Elbaz.
Ce monsieur est un passionné des textes, de la dramaturgie, du théâtre. Lors de la première séance, il nous fait découvrir des textes de Michel Vinaver. Il nous amène au débat, sans jugement, sans vérité, juste à l’échange de pensées, entre nous, avec lui, avec nous. Il dissèque le texte, dramaturgiquement parlant, et nous guide de son œil pétillant.
Dubitatifs ou conquis, nous repartons tous avec des lectures dans nos cartables.
Quinze jours plus tard, chaque groupe de lecture présente son texte… et le débat commence…
La passion contagieuse de Gérard nous gagne, les orateurs s’expriment, ceux plus en retenue se révèlent, le cercle des poètes disparus est ressuscité.
Je découvre des textes, des auteurs, des styles d’écriture et même mes compagnons de route que je vois sous un autre angle.
Le cercle se réduit comme peau de chagrin pour la troisième séance, tout comme le nombre de textes présentés. Mais peu importe le nombre tant qu’il y a la découverte et,
quelle découverte !
Dénommé Gospodin de Philipp Löhle me touche et m’emporte dans un débat enflammé et passionné qui devient, avec mes camarades, passionnant.

Photo de Philipp Löhle © Julia Stix
La séance terminée, nous demandons innocemment à Gérard Elbaz quand nous nous revoyons. « C’était la dernière », nous dit-il.
Nous repartons alors, partagés entre la nostalgie de ces instants de vie que nous avons partagés et la passion fraichement réveillée et toujours en nous.
Au premier abord, étranges, ces séances m’ont fait découvrir des textes, au-delà, elles m’ont fait vivre des moments privilégiés et riches en partage.

Yannick Capmarty

Elève de Georges Bécot

1ère année

 

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