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Gaëtan Vassart, lauréat du Centre national du théâtre

La commission nationale de l’Aide à la création de textes dramatiques a récompensé des auteurs. Parmi eux, Gaëtan Vassart.

François-Xavier Hoffmann : Gaëtan, tout d’abord félicitations ! Tu as écrit une pièce qui figure au palmarès de la dernière commission du CNT pour l’aide à la création. D’autant plus gratifiant pour toi, j’imagine, que les autres lauréats sont des auteurs de théâtre confirmés, Emmanuel Darley, Laurent Mauvignier, Gilles Granouillet ou Gildas Milin pour ne citer qu’eux.

Gaëtan Vassart : C’est vrai,  je suis très heureux. L’écrire était une aventure en soi,  très passionnante.  Ce prix va me permettre sans doute d’aller plus loin et de le porter à la scène. Quand on écrit, on ne sait jamais trop ce que cela vaut. On part d’un intime forcément, mais on ne sait pas si la traduction sur le papier par les mots va convoquer l’imaginaire. L’écriture, c’est aussi trouver un style, un flux, et  « retenir les chevaux » aussi, comme quand on est comédien.

FXH: Justement, quel rapprochement ferais-tu entre l’écriture et le métier d’acteur?

GV : Pour moi c’est un peu la même activité : parvenir à raconter une histoire. « Distraire » au meilleur sens du mot latin, qui veut dire « séparer » et « tirer vers ». Vers un ailleurs, faire un saut dans l’inconnu. Avec cette obligation, toujours la même : être comme un glaçon, froid à l’intérieur pour brûler au dehors. Pour celui qui reçoit, le réceptacle, lecteur ou spectateur. Idem quand on écrit ou quand on joue la comédie. Acteur, auteur, professeur de théâtre, c’est chaque fois être un passeur. Apprendre à « lire » à un élève comédien, ou jouer soi, traduire une émotion, l’inventer, la mettre en forme, partir de son plus intime. Mettre de la pensée dans l’espace ou sur du papier, c’est chaque fois raconter au travers des mots d’un autre, ou les siens – pour ceux qui écrivent -, sa propre biographie sous les traits d’un personnage. Acteur ou auteur, c’est toujours partir de la page blanche.

FXH : Il y a quand même des acteurs incapables d’écrire et inversement !

GV : On n’est pas tous à l’aise avec les outils de l’écrit. Mais je crois qu’il est naturel que ceux qui écrivent du théâtre soient des comédiens. Il faut connaître intimement le plateau et l’acteur pour savoir quoi lui faire dire, et que ça joue sans que cela ne sente le papier.

FXH : Tu vas donc continuer ?

GV : Je ne sais pas, cette expérience m’a intéressé. L’important pour moi est de rester en mouvement. Et les allers et retours me paraissent essentiels. Comme quand on fait ses premiers films et qu’on s’essaie à tous les postes. Il faut aller vers l’inconnu, rester fou. Je me souviens de cette phrase de Daniel Mesguich, mon professeur au Conservatoire (devenu également directeur depuis): « J’aime les artistes parce que malgré tous les défauts que l’on peut leurs trouver, ils ont tous cette douce folie, ce côté un peu bringue zingue, Don Quichotte dans la lune, qui les pousse à défendre cet art, si difficile, métier qu’on ne fait vraiment pas pour l’argent, mais par soif d’un idéal ».

FXH : A propos de folie et pour finir,  ta pièce de théâtre s’intitule « Les pieds sur terre, la tête dans les étoiles et onze millions six cent mille euros dans mon dos », c’est un titre pour le moins intriguant, tu peux nous en dire plus ?

GV : L’histoire retrace la cavale de Toni Musulin, ce convoyeur de fond lyonnais qui a défrayé la chronique en 2009 pour avoir pris la fuite avec son fourgon et le 11,6 millions d’euros à son bord. Je suis parti de ce fait divers, de ce coup d’éclat qui a enthousiasmé une bonne partie de la France, pour tenter de révéler en toile de fond sa portée symbolique, poétique et humaniste.

FXH : Encore une question. Tu enseignes au cours Florent, comment cela se passe-t-il?

GV : Très bien. Frédérique Farina a été d’une aide précieuse pour que je trouve mes marques rapidement. C’est un plaisir sincère de pouvoir transmettre ce que j’ai appris d’un métier d’acteur, et les élèves en retour me permettent de m’interroger en permanence sur cet art vivant.

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