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Interview de Jeanne Sicre

Jeanne Sicre est comédienne et chanteuse lyrique. Elle a suivi les cours du conservatoire du 16ème. Elle joue dans Robert Plankett (jusqu’au 11 mai au théâtre des Abbesses), s’est chargé du travail vocal au cours des répétitions et a arrangé pour l’occasion, un bout du trio op100 de Schubert pour quatre voix.

Michèle Harfaut : Les collectifs sont à la mode. C’est quoi, un collectif par rapport à une troupe ou une compagnie? (Il me semblait qu’un des critères était l’absence de metteur en scène…)

Jeanne Sicre : Effectivement, je pense qu’un collectif, par définition, fonctionne en tout de manière collective (mise en scène, jeu, voire administration…). Notre cas est un peu particulier, nous travaillons de manière « collective », nous cherchons ensemble, analysons, discutons beaucoup à la fois de l’écriture du texte, de la mise en scène, du jeu, de la construction, etc… Mais Jeanne Candel. est la metteuse en scène du projet, c’est elle qui nous a réunis, a proposé une méthode de travail, un thème, et prend les décisions finales.

M.H. : Quelle a été votre méthode de travail? Peut-on avoir un ou deux exemples concrets de l’évolution du travail et qui témoigneraient du processus de création?

J.S. : Jeanne Candel arrivait avec des « provocations », des consignes, et nous les proposait, soit individuellement, soit par groupes, avec un temps de préparation donné. Nous présentions alors nos scènes plus ou moins improvisées (selon le temps de préparation), puis en discutions ensemble. Certaines pouvaient alors être retravaillées, d’autres laissées. Nous avons créé beaucoup de matière, pour finalement en garder peu… Par exemple, le début est né d’une question posée à chacun: faites un questionnaire sur le théâtre. Celui de Sarah a été gardé, puis retravaillé par la suite. Les personnages sont aussi apparus au cours du travail, plus ou moins rapidement;   par exemple, Robert Plankett (seul personnage qui existait à l’origine), était joué au départ par Jan, puis de fil en aiguille, il a été évident que Marc serait R. Plankett.

M.H. : Est-ce qu’il faut beaucoup de temps pour en arriver au spectacle?

J.S. : Nous avons travaillé en tout 2 mois et demi au plateau, mais étalés sur 6 mois, ce qui permettait aussi entre temps de repenser les choses, et notamment, à Jeanne Candel et Samuel Vittoz (le dramaturge), de construire une trame…

M.H. : Est-on plus sujet au découragement ou à l’angoisse quand on n’a pas de texte au départ?

J.S. : C’est à la fois très excitant, car tout est possible, et très vertigineux. Il y a bien sûr des moments de doute chez chacun car on ne sait pas où on va,  mais la confiance dans le travail, la metteuse en scène, le groupe, une envie de chercher ensemble, permettent de dépasser cela.

M.H. : Finalement, tout le monde est doué pour écrire ou y a-t-il un travail de réécriture?

J.S. : Le travail d’écriture s’est fait au plateau, de la même manière, en s’épurant au fur et à mesure, en en discutant…

M.H. : Comment qualifiez-vous votre registre de jeu? Vous avez pensé au cinéma?

J.S. : Il y avait cette volonté  au départ d’avoir une « nappe » réaliste dans laquelle s’inséreraient des moments non réalistes, et au niveau du jeu, d’être vraiment « nous ». Au cours du travail, nous avons utilisé les outils du cinéma, en se demandant, par exemple, comment faire un zoom au théâtre, mais nous n’avons pas pensé au cinéma. Par contre, nous avons fait une adaptation en septembre de « Robert Plankett » à la radio (sur France culture), et cela nous a plu, car ça nous remettait en recherche différemment, nous nous interrogions sur de nouveaux outils,…

 

 Michèle Harfaut

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