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La nouvelle jeunesse du Théâtre de Poche

Stéphanie Tesson reprend les rênes de lieu mythique du paysage théâtral parisien. Les travaux ont embelli l’espace, surtout le hall d’entrée, agrandi, meublé de bois blond et doté d’un bar accueillant.

 

Audiberti revient sur les lieux même de sa création. Stéphanie Tesson met en scène les tribulations échevelées d’Alarica, princesse de Courtelande, sur le territoire de l’électeur de Saxe. La pure, la vierge jeune fille est à la veille des ses noces. Elle a vécu jusqu’alors dans l’ignorance du mal. Son beau rêve va se broyer, car… le mal court. Au petit matin, elle reçoit des visites pour le moins inopinées…

On ne racontera pas la suite. Il faut se laisser emparer par le style flamboyant, inimitable de ce fou des mots, qui baptisait sa pièce « sérénade philosophique ».

Plus de soixante ans après la création, qui révéla au public la prodigieuse Suzanne Flon, la nouvelle directrice des lieux exhume le climat des années 40 et choisit une esthétique volontairement datée. Décor, costumes, maquillages nous racontent à la fois un XVIIIème siècle de rêve et le théâtre de la toute après-guerre. Cette transposition allègre nous déplace comme par enchantement. Les acteurs aussi trouvent dans leur jeu une tonalité juteuse dont l’expression choque au début et qui finit par emporter l’adhésion.

Julie Delarme, Alarica, compose une petite poupée de porcelaine aux joues et aux lèvres trop rouges. Sa gouvernante, Toulouse, a les traits et la voix grotesquement viriles de Josiane Lévêque, qui gronde fort et s’oppose à la donzelle. Puis arrivent un inconnu qui dit être le roi (malicieux Mathias Maréchal), un lieutenant que reconnaîtrait Offenbach (Anthony Cochin), le vrai roi Parfait XVII, délicat damoiseau, (que joue avec une délicatesse subtile Emmanuel Suarez) escorté d’un cardinal matois et fielleux (Didier Sauvegrain), j’en passe et des plus savoureux, les inénarrables Jean-Paul Farré et Marcel Maréchal, archanges tutélaires de cette joyeuse troupe. Tous s’accordent à merveille pour mettre en relief la poésie de l’auteur.

A noter aussi deux autres spectacles :

A 19 heures, Minyana revient vingt-ans six après avec Inventaires. Robert Cantarella revisite ces fameux monologues avec les créatrices d’Angèle, Jacqueline et autre Barbara, l’une avec sa robe, l’autre sa cuvette et la troisième son lampadaire. Florence Giorgetti, Judith Magre et Édith Scob rivalisent de dingueries, drôlement folles ou follement drôles, au choix.

Au sous-sol, l’espace a été totalement repensé et propice à un travail particulier. Charlotte Rondelez y propose son Hamlet, sous le titre joliment potache de To be Hamlet or not. Une joyeuse promenade avec Shakespeare et son héros. Les acteurs virevoltent à l’envi avec le texte et sur une tournette. Tout cela sous le signe de la liberté.

On souhaite à cette nouvelle équipe du Théâtre de Poche un beau voyage au long cours.

FXH

http://www.theatredepoche-montparnasse.com/

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