Le Blog du Cours Florent

Théâtre

Le Malade imaginaire, au Théâtre 71

Le Malade imaginaire, au Théâtre 71

Deux hommes tout nus, de Sébastien Thiéry

Deux hommes tout nus, de Sébastien Thiéry

Quel diable d’homme, ce Sébastien ! Déjà élève, il avait cet humour féroce mais tendre, insolent et cocasse. On était sous le charme. Il savait d’une pichenette nous mettre dans sa poche et défiait toute autorité malveillante. Il inventait déjà des histoires, comme une vie parallèle. Il prétendait par exemple que j’aimais le football (vous m’avez vu !), que nos mères prenaient le thé chez Angelina (faux !), j’en passe et des plus truculentes que la simple morale m’empêche de révéler.

sebastien-thiery1-anwbAu conservatoire, il continue sa formation, tout à la fois canard boiteux et respectueux de l’institution et de ses maîtres. Lui, dont l’admiration va tout naturellement aux metteurs en scène du théâtre subventionné, ne joue que sur les scènes privées. Et avec quel succès ! Chaque saison dorénavant apporte son nouvel opus. Nos grands parents attendaient Anouilh, Achard ou Roussin, nous, on a Thiéry. Il est prolixe, notre Sébastien. De surcroît, il fait des progrès d’année en année. On ne va pas se plaindre. Sa dernière création présentée au Théâtre de la Madeleine est à plus d’un titre irrésistible. Elle atteint des sommets de drôlerie, tout en découpant au scalpel la complexité de la nature humaine.

Le rideau se lève et on pénètre dans l’intimité d’un salon haussmannien et bourgeois (c’est une lapalissade). Les stores sont baissés ; on distingue dans la pénombre un lit et dessus deux formes, qui appartiennent à deux hommes tout nus. Stupeur et tremblement, ils ne savent ni l’un ni l’autre comment ils en sont arrivés là. La femme de l’un survient et ne voilà-t-il pas reconstitué en deux coups de cuillère à pot le fameux triangle du vaudeville ?

Pas si simple, Sébastien Thiéry utilise les codes du boulevard, mais c’est pour mieux se (et nous) perdre. En réalité, il règne en maître sur l’absurde. Il pousse les situations jusqu’à un tel épuisement qu’elles en deviennent folles, inhumaines, paroxystiques. La logique implacable se renverse et plonge les personnages dans un ahurissement total. Le saura-t-on vraiment pourquoi ces deux hommes, un avocat et son associé fiscaliste, se sont retrouvés dans ce lit ? Pas certain. Ce pourrait n’être qu’une simple pantalonnade,  une bouffonnerie de plus… Mais le sel de l’affaire est que les rôles écrits par Sébastien Thiéry ont acquis au fil de ses pièces une épaisseur qui ajoute à l’humour.

1047863_deux-hommes-tout-nus-le-vaudeville-deshabille-a-la-madeleine-web-tete-0203814601725

Ses interprètes, sous l’excellente direction de Ladislas Chollat, l’ont bien compris. A commencer par François Berléand qui excelle dans ce registre. Il n’est pas qu’une simple figure à rigolade. Au contraire il joue avec une bonhommie confondante, un effarement face à l’excès, une vérité sensible et généreuse, qui étoffent sa personnalité tout en rendant justice au travail de l’auteur. Et cela n’enlève rien à son humour ravageur et à sa drôlerie naturelle. Sébastien Thiéry, lui-même, se plaît à lui « donner la réplique », en contrepoint, dans un savant dosage de naïveté puis de sauvagerie, le tout dans le plus simple appareil, qu’il a encore très joli. Isabelle Gélinas en femme trompée, du moins le croit-elle, distille toutes les nuances d’un jeu efficace et poivré. Marie Parouty, enfin, donne à son rôle d’escort girl une maladresse séduisante.

diaporama_HOME_2HTN_01_1410534918

On rit beaucoup, on extravague à essayer de comprendre ce qui se passe, on assiste éberlués à une intrigue qui se prend sans arrêt les pieds dans le tapis. Cela joue fougueux et alerte, sans temps mort. Que demander de plus ? Vite, une prochaine pièce ! Mon petit doigt me dit qu’il y a un projet avec Muriel Robin. On a hâte.

http://www.theatre-madeleine.com/

Vincent Lindon, président du Prix Olga Horstig 2014

Vincent Lindon, président du Prix Olga Horstig 2014

Le Théâtre des Bouffes du Nord accueille, une fois encore, les lauréats du Prix Olga Horstig. Philippe Calvario se voit confier ce délicat travail, celui de présenter une vingtaine d’élèves sortants sous leur meilleur jour. Le cadre de la forêt dans l’œuvre de Shakespeare lui a semblé tout à fait approprié pour révéler les talents de nos chers brevetés triés sur le volet. Et cela donne Shakespeare in the woods. De larges extraits de Comme il vous plaira et du Songe d’une nuit d’été, notamment, faufilés les uns avec les autres pour raconter l’amour sous différentes facettes.

L’amour, toujours l’amour… Tout le monde s’y attèle dans des variations folles et échevelées, cocasses ou tragiques, la mort rôdant partout. Et la peur, et le désir. Le plateau couvert de terre, un arbre sur le côté, une souche de l’autre, des praticables et au lointain un orchestre pour animer le verbe et accompagner des chansons.

IV1A6428Deux heures durant, les jeunes gens s’ébrouent, se frottent les uns aux autres, se heurtent contre les murs d’incompréhension et de malentendus. Un vent de jeunesse souffle dans le théâtre portant avec fracas la question de l’être et de l’autre. Philippe Calvario anime cette quête éperdue de l’amour avec tout le talent qu’on lui connaît. Le groupe est uni, lié dans la même énergie. Et pourtant, il a fallu en distinguer deux. C’est la loi du genre, le résultat du prix. Le jury de professionnels, venus nombreux à l’invitation de Sherazade Benaddi, a voté. Et les gagnants sont… Alexiane Torres et Hugues Jourdain.

Vincent Lindon, fidèle parmi les fidèles du Cours Florent, préside la soirée et remet les récompenses. Il raconte avec délectation qu’il n’a jamais rien remporté. Des nominations et rien d’autre… Il rappelle son échec cuisant, mais mérité, dit-il dans un sourire modeste, au concours de la Classe libre. Il insiste sur le fait qu’un prix c’est une étoile qui brille un soir, mais que la flamme doit être entretenue tous les jours. Que cela soit entendu une bonne fois pour toute.

Encore merci, Monsieur le Président, pour votre attention et votre clairvoyance !

Page 1 sur 26123451020Dernière page »

Commentaires récents

37/39 avenue Jean jaures, 75019 Paris
Tel: 01 40 40 04 44
Site Web: www.coursflorent.fr