Le Blog du Cours Florent

Théâtre

Solness le constructeur de Henrik Ibsen

Solness le constructeur de Henrik Ibsen

Alain Françon sait admirablement lire le théâtre d’Ibsen. L’auteur norvégien a jalonné sa carrière de metteur en scène. Il s’attaque aujourd’hui à l’une des dernières pièces de l’auteur. Ibsen revient en Norvège après quelque vingt ans d’absence. On l’accueille en héros et en même temps il est confronté à la critique de la jeune génération qui cherche des formes nouvelles.

Solness est arrivé à l’apothéose de sa carrière de constructeur. Il se présente solide comme un roc, barricadé de certitudes. Une jeune fille, Hilde, rencontrée dix ans auparavant, va bouleverser cette existence et en saper les fondements.

« Il y a un tragique quotidien qui est bien plus réel, bien plus profond et bien plus conforme à notre être véritable que le tragique des grandes aventures », écrit Maeterlink dans Le Trésor des humbles. Comme Hedda et Nora, ses grandes sœurs, Hilde révolutionne la petite vie provinciale et bourgeoise de Solness et de son épouse. Comme elles, la soif d’absolu commande ses actions. Elle est libre et avance tête baissée, comme un bélier, pour casser l’édifice dans lequel s’est enfermé confortablement le héros de son cœur.

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Dans ce rôle, Adeline D’Hermy fait merveille. Elle a déjà rencontré son metteur en scène à la Comédie-Française dans La Trilogie de la Villégiature. Ce deuxième rendez-vous rend justice à son immense et tout jeune talent. Elle irradie le plateau et elle danse le rôle à la manière d’une Isadora Duncan. Elle s’engage, échevelée et farouche, et torpille la société figée représentée par les acteurs. Les habitués de la Colline retrouvent avec plaisir Dominique Valadié qui, dans Aline, la femme de devoir et d’obligation, fait frissonner la salle quand elle parvient à livrer un peu de sa vérité. Vladimir Yordanoff, dans Solness, exprime toute l’ambiguïté et la torture de cet homme tombé qui rêve son vol d’Icare. Et les autres Michel Robin, en tête, dans une courte scène, sont à l’unisson des exigences du metteur en scène, et Adrien Gamba-Gontard, et Agathe L’Huillier.

On ne saurait trop louer également le décor de Jacques Gabel et les lumières de Joël Hourbeigt, fidèles collaborateurs d’Alain Françon, qui décidément, et on pourrait dire définitivement, signe toujours un travail impeccable.

 

FXH

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L’Illusion tragique

L’Illusion tragique

En caisse / Le voyage immobile de Raphaël Grillo

En caisse / Le voyage immobile de Raphaël Grillo

 Il n’en revient toujours pas. Un premier roman envoyé au Seuil et le voici sur les tables des libraires. Avec En caisse, il rejoint ses jeunes aînées florentines, Camille de Peretti et Alma Brami, entre autres, qui sont déjà passées à l’écriture.

« J’ai toujours écrit, pour moi, le théâtre, le jeu et l’écriture sont intimement liés. Une camarade du Cours Florent, Carole Cailloux, lisait les chroniques que j’écrivais et elle m’a encouragé. Elle les a envoyées à l’éditeur. Cela leur a plu. Louis Gardel m’a demandé de développer le sujet, de retravailler le style, et voilà ! C’est un coup de poing que le destin vous donne d’être édité dans une jolie maison. Mais cela ne me monte pas à la tête, certainement pas ! Je suis juste satisfait que mes premiers lecteurs, mes proches, aient des réactions positives.»

Grillo ©John Foley 01

Il est trop pudique pour l’avouer, mais il y a beaucoup de Raphaël dans ce roman. Un été, dans son petit appartement, il s’est imaginé être dans une guérite de péage d’autoroute. Un narrateur arrêté qui regarde défiler des voitures. Un poste fixe pour observer le mouvement, des moments d’abandon aussi pour rêver, pour se souvenir. Il vagabonde dans un passé immobile, tellement présent qu’il lui saute à la figure.

Raphaël Grillo ne nomme pas son héros, mais on sait qu’il lui ressemble. La mort du père, le périple en Italie, la terre de ses origines, ce n’est pas le hasard, cela fait partie de son histoire intime. Tout comme les jolis mots inventés pour nommer ses personnages : ma copilote-mon-amour, qui l’accompagne sur les routes d’Espagne, Maman-l’enfant, discrète et présente… Il aime les mots, les phrases sont allègres, rapides, fulgurantes.

« Mon style vient aussi du théâtre, j’aime la punchline, comme dans le rap. Et puis jouer avec les mots. Je me souviens que Véronique Vella, ma prof de 3ème année à Florent, nous a beaucoup sensibilisé à cela. Pour corriger les épreuves, j’ai demandé à deux camarades, Laurie Catrix et Cyril Manetta, de lire mon texte à haute voix et de souligner ce qui passait mal à l’oral. J’ai beaucoup retravaillé à l’écoute. D’ailleurs, il est question que ce texte soit adapté pour la scène, j’en serais très heureux. »

En attendant prenez la main que Raphaël vous tend et partez en voyage avec lui. Il continue sa carrière d’acteur, notamment avec ses amis fidèles qu’il a rencontrés pendant ses études à Florent. Il se laisse du temps pour le deuxième livre, en notant des idées par-ci par-là. Il est question qu’il enseigne un jour, il en a le désir, il y pense, mais ceci est une autre histoire.

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