A toutes les bloggeuses et à tous les bloggeurs, passés, présents et futurs,
Une belle et heureuse année 2013
A toutes les bloggeuses et à tous les bloggeurs, passés, présents et futurs,
Une belle et heureuse année 2013
C’est inracontable La Fabrique ! C’est in-pitchable ! Ne me demandez pas un résumé ! C’est ça qui est bien, qui est saisissant. Il faut le voir, l’entendre, le comprendre, l’emporter avec soi, ce spectacle-là…
Il faut se laisser embarquer par leur rythme cabossé. Ils s’agitent tellement dans cette Fabrique ! Avec une sidérante maladresse, avec une gaucherie de petites gens perdues et apeurées, ils s’évertuent à être, à toucher, à échanger, ces ouvriers improbables et poétiques… Ils parlent des langues différentes, dansent comme des pieds, ont l’allure de bras-cassés prodigieusement humains.
Et on les aime comme on a pu, plus jeunes, aimer les personnages de Jérôme Deschamps. On les aime de nous donner, de nous toucher avec cette « matière » si honteuse aujourd’hui : la naïveté. On les aime parce qu’ils se débattent dans un monde qui n’a plus tellement besoin d’eux, parce qu’ils sont drôles et fragiles. Oui, qu’est-ce qu’on rit de les voir, ahuris, énervés, lunaires, arrogants, se cogner les uns aux autres, chanter de tout leur corps et se battre pour rester vivants. C’est avant tout prodigieusement comique, La Fabrique.
Ils rient eux aussi, ils rient de choses enfantines, de petits moments qu’on croit oublier vite et qui nous restent dans le cœur.
Alors Hourrah ! parce qu’ils sont tous de notre fabrique à nous, ces oiseaux-là, du Cours Florent, cette usine « dit-on » qui rayonne d’orgueil d’avoir enfanté cette troupe magique, improbable, inclassable.
C’est donc inracontable La Fabrique, n’insistez pas : ça parle de la vie et des gens, ça fait rire beaucoup, ça touche énormément. Ça chante, ça bouge, ça déborde de jeunesse, de talent et d’invention. Ça bat très fort comme un cœur énorme en plein 20ème arrondissement.
Frédérique Farina
Bande annonce : http://www.youtube.com/watch?v=GJdycT8Umeg
La redevance des fantômes
Etrange histoire que cette pièce. On ne vous racontera pas tout. Cela commence comme une histoire de famille normale, le jour de l’enterrement du père, tout le monde a vécu cela ou le vivra un jour, cette tristesse, ce chagrin et puis cela avance, le passé resurgit violemment. Des êtres en chair et en os viennent habiter le plateau. Sont-ils si vivants ? Ne devraient-ils pas être morts ? Pourquoi ces gens si « normaux » sont-ils à ce point troublés ?
Rodolphe Dana, metteur en scène au sein du collectif des Possédés, continue son compagnonnage avec Laurent Mauvignier commencé avec Loin d’eux. Il lui a commandé cette pièce. On est dans le droit fil du Pays lointain que la compagnie avait déjà joué. On n’est pas sans remarquer des similitudes avec Jean-Luc Lagarce dans l’écriture, dans le thème aussi, celui d’un drame familial, de l’intime. La force d’une histoire et la puissance du style s’inscrivent dans un moment théâtral très court, d’un peu plus d’une heure. Un coup de matraque dans le destin de cette famille qui en ressort bouleversée, et nous aussi tant la mise en scène place le spectateur presque au cœur du conflit qui se tisse minute après minute. Le dispositif, les lumières, le jeu des acteurs, tout est conçu pour intégrer la scène à la salle, tant et si bien que l’on vit cette histoire de plein fouet.
Comme toujours avec les Possédés, les acteurs incarnent au plus juste et au plus près les caractères. Simon Bakhouche, le grand-père, David Clavel, le père, et Julien Chavrial, le fils définissent à merveille la filiation qui est la leur. Ils s’entrechoquent avec conscience comme sur un ring, avec passion. Une mention spéciale aux deux comédiennes : Marie-Hélène Roig, la mère, qui se débat à merveille avec ses démons et Émilie Lafarge, une Élisa brûlante et sensible, dans la carcasse cabossée d’une adolescente de dix-sept ans. Elles font vibrer la partition de Mauvignier avec le talent de virtuoses.
FXH
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