Le Blog du Cours Florent

Théâtre

Juliette Besson, une rose sans épines

Par les épines – Histoire de quatre printemps, film de Romain Nicolas

 Prend-on la vie autrement que par les épines ? demandait René Char. Une question que vont se poser quatre personnages : Madame Rose (Agnès Soral), romancière fortunée et cynique, Juliette (Juliette Besson), orpheline muette et hypersensible, Rudy (Renaud Denis-Jean), beau métis surdiplômé perdu dans une ville la nuit et Marilyn (magistrale Anita Lecollinet), solitaire à la vie si organisée… Ils sont les piliers de l’histoire que raconte avec tendresse le réalisateur, Romain Nicolas. Ce sont des héros ordinaires livrés à eux-mêmes dans la jungle urbaine d’aujourd’hui et dont les chemins se croiseront  peut-être…

Juliette Besson et Renaud Denis-Jean

C’est un film d’auteur, un premier film, celui de Romain Nicolas, qui maîtrise avec une belle assurance un sujet délicat. Il ne passe que dans une salle, le Saint André des Arts. Il faut le défendre. Il faut aller le voir.

C’est aussi le premier long-métrage de quelques florentins : Juliette Besson, d’abord, séduisant mélange de fragilité et de violence, Renaud Denis-Jean, qui prête sa douceur à son personnage errant. Dans des plus petits rôles on retrouve Hugo Dillon, au charme discret et présent, Vincent Cheikh, subtile Prune. Tout ce petit monde souffre de l’un des maux du siècle dans les grandes villes : la solitude.

Ne croyez pas que vous sortirez de la salle avec le moral dans les chaussettes. Au contraire, chaque personnage trouve une solution pour s’en sortir, avec l’aide ou non du destin. Comment choisir le chemin pour faire grandir sa vie, en la prenant par les épines ? Tenter l’aventure humaine, seul ou en la partageant, telle est la leçon d’espoir de ce film. L’engagement des acteurs en intimité avec leurs rôles touche en plein cœur. En toute discrétion et en toute vérité.

FXH

http://www.youtube.com/watch?v=cMBz3WMrTcw

Robert Hirsch, trésor national vivant

Au Japon, on désigne de ce terme élogieux – oh combien ! – la personne qui incarne le mieux une tradition culturelle. Or qui mieux que Robert Hirsch peut remplir ce rôle ? Il est à lui tout seul un pan immense de l’histoire théâtrale. Il a fait les belles soirées de la Comédie-Française en touchant à tous les emplois, de Scapin à Néron, de Bouzin à Richard III. Il est de ces acteurs qui marquent le spectateur de manière indélébile.

A quatre-vingt sept ans, au Théâtre Hébertot, il occupe les planches en légende, puisqu’il porte en lui, dans sa géniale carcasse, les fantômes de sa carrière. Il est aussi le petit bonhomme tracassé par les ennuis de sa vieillesse, de sa mémoire, de la fuite en avant du temps qui préoccupe tout être humain.

Il est tout cela et il n’est que cela. C’est ce qui le rend unique et inégalable.

A la fois homme et mythe.

On va dire que j’exagère. Pour s’en convaincre il n’est que d’aller voir le merveilleux spectacle mis en scène par Ladislas Chollat. Cet homme-là sert la pièce de Florian Zeller, Le Père, avec un art consommé fait de simplicité et d’évidence. Il ne se pousse pas du col pour en remontrer. Il dirige avec doigté ses acteurs, tous excellents, à commencer par Isabelle Gélinas, frémissante et diaprée, et Patrick Catalifo, tout en force contenue. Le décor, blanc, prend des contours inquiétants aux ombres à peine fumées ; la musique souligne subtilement le climat obsédant de l’action. Ladislas Chollat sait s’entourer, il le montre encore aujourd’hui. On sent que chacun est à sa place pour donner le meilleur, dans un esprit de partage et pas du tout pour servir la « vedette » du spectacle.

D’ailleurs quand on fait la remarque à Robert Hirsch qu’il pourrait saluer seul – comme cela se fait dans certains théâtres – il oppose un refus catégorique, il veut être applaudi avec ses camarades qu’il estime et qu’il aime. Ensemble.

Encore une preuve de la belle générosité de cet éternel jeune homme au cœur simple.

FXH

Théâtre Hébertot : 78 bis boulevard des Batignolles, 75017 Paris

Réservations et infos pratiques : http://theatrehebertot.com 

Qu’en pensez-vous?

Claude Régy met en scène La Barque, le soir de Tarjei Vesaas dans la petite salle des Ateliers Berthier-Théâtre de l’Odéon dans la cadre du Festival d’automne jusqu’au 3 novembre. Interrogée par Fabienne Darge dans le journal Le Monde, il déclare :

« La vraie subversion consiste à aller à l’encontre de son temps. Comme il me semble que le monde vit et pense – dans la mesure où il reste encore de la pensée – complètement à l’envers, c’est en retournant les choses qu’on va peut-être retrouver comment les faire à l’endroit. Le discours dominant actuellement est navrant, donc il faut chercher ailleurs. Il est certain que le silence et la lenteur sont des notions tout à fait écrasées de nos jours. J’observe même que les gens parlent et rient de plus en plus fort, comme pour entretenir l’illusion d’une forme de bonheur artificielle, et inexistante, en fait. L’humanité est certainement en train de changer, et nous n’y pouvons pas grand-chose. »

Si vous lisez la suite de l’article, Claude Régy y apporte un début de solution. Il vous est néanmoins loisible d’imaginer la vôtre…

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