Le Blog du Cours Florent

Théâtre

Xavier Dolan et Mommy

Xavier Dolan et Mommy

Aujourd’hui, Xavier Dolan fait la une de Libération. Xavier Dolan fait la une de nombreux magazines. Ce n’est pas courant qu’un jeune cinéaste fasse le buzz à ce point. Mais Dolan est unique.

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Son film Mommy sort dans les salles demain. Il n’a obtenu que le Prix du jury, lui qui rêvait sans doute de la Palme d’or. Car Dolan est un ambitieux et il a bien raison de l’être. Il en a le talent et l’assurance. À seulement 25 ans, il a cinq films à son actif. Il est déjà une légende et fait parler de lui partout. Avec arrogance parfois, avec gentillesse souvent, avec intelligence toujours. Il est presque malgré lui le porte-parole de la jeunesse, lui qui clame qu’on peut changer le monde par nos rêves.

À 25 ans, il a déjà une œuvre derrière lui et toute une vie devant pour aller encore plus loin, plus fort. Et relisons une fois encore la fin de sa déclaration à Cannes, comme un encouragement : « Tout est possible à qui rêve, ose, travaille et n’abandonne jamais. »

À suivre…

Liliom, au TGP

Liliom, au TGP
Deux saisons de suite, on monte ce chef-d’œuvre de Ferenc Molnár. La belle idée, même si on aimerait découvrir d’autres pièces de ce hongrois somme toute peu  connu du public français. L’an passé la Colline présentait la version Galin Stoev. À présent le TGP de Saint-Denis inaugure la nouvelle direction de Jean Bellorini par cette mise en scène, reprise après le Printemps des Comédiens à Montpellier.

LILIOM - REPET HUGO - WEBBellorini revendique un théâtre du présent : « Du choc fusionnel entre le fond et la forme jaillit la poésie. L’espace d’un instant. Ici et maintenant. L’art du présent, l’art du sensible, l’art de l’éphémère. »

Il ajoute que le théâtre doit être une fête. Il dit des mots simples qui vont à l’évidence d’une pratique, d’une vision poétique. Vers une rencontre de l’art avec le public.Son Liliom est une fête totale, magistrale. Une fête foraine, d’abord, puisque c’est le décor de l’action. La scène est occupée par un parc d’autos tamponneuses, espace ludique et dangereux. Au loin, une immense roue de lumière, brillante comme des étoiles. À jardin, un salon de musique, piano et harpe, sur le toit duquel trône une batterie et son batteur, Hugo Sablic. À cour, une caravane, maison de fortune d’une photographe pittoresque, le savoureux Jacques Hadjaje.

Liliom (Julien Bouanich), le bonimenteur, règne en maître sur cette foire. Il fait chavirer les cœurs des jeunes (et des moins jeunes) femmes. Il tourne en rond dans ce manège jusqu’à sa rencontre avec Julie (Clara Mayer), une jeune bonne en quête de sensations. Dès lors l’amour s’impose à lui, mais aussi le début des ennuis, le chômage, la misère et tout ce qui s’ensuit. Et puis l’espoir fou, celui de l’enfant qui va naître et à qui on va offrir une autre vie…

On le voit, rien de plus simple. On pense à Horváth et à son Casimir, sa Caroline, Molnár ne complique pas son écriture, il raconte une histoire, il va au cœur des êtres et tout est dit. Et en même temps c’est une fable, on bascule à la fin dans le surnaturel. LILIOM - REPET HOLLUNDER - WEBLiliom meurt et Molnár nous dévoile un autre monde, plus céleste, plus irréel. C’est l’histoire d’une vie, certes, mais on est au théâtre. Ce n’est pas que simple, on est aussi dans la métaphore. Et Jean Bellorini nous donne des images, de la musique, des dialogues, du jeu.

Le plaisir – et même la jouissance – de ce spectacle vous prend dès le début et ne vous lâche plus. La troupe mène à un train d’enfer la narration du conte, elle se joue de toutes les situations, même les plus improbables. L’espace éclate pour s’intégrer à l’action. C’est diablement intelligent, car cela touche encore une fois à l’évidence. Ce sont bien des hommes et des femmes qui sont face à nous. Ils nous entraînent dans leur course mouvementée, généreusement, passionnément, définitivement. On est comme au cirque, on rit, on pleure, on est joyeux, touché, ému, quoi !

LILIOM - REPET SAC - WEB

Le couple formé des amoureux, formé par Clara Mayet et Julien Bouanich emporte l’adhésion, tant il est véritable dans son engagement. Clara Mayet donne à Julie sa mine boudeuse, ses allures butées, et si délicates. Julien Bouanich, en petit frère de Baal, est bien cet ange noir, qui peut-être obtiendra son salut. Mais tout le monde est à l’unisson, comme un orchestre bien accordé sous la baguette magique de leur chef.

Le bonheur au théâtre, c’est pas tous les soirs. À Saint-Denis, si.

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http://www.theatregerardphilipe.com/
 
 

Tartuffe, à la Comédie-Française

Tartuffe, à la Comédie-Française

Pour la énième fois, la troupe de Molière reprend Tartuffe, la pièce la plus jouée du répertoire. Plus de 3120 représentations à ce jour par la Comédie-Française. Et pour tant, cela avait mal commencé. Louis XIV aimait l’œuvre, il l’interdit pourtant sous la pression de l’Église en 1664. Molière reprit son texte et en présenta une troisième version en 1669, Tartuffe ou l’Imposteur, qui mêlait des éléments des deux précédentes. Le succès fut au rendez-vous, Molière avait gagné sa bataille. Et depuis…

Depuis, de nombreux metteurs en scène ont tenté de raconter l’histoire de cette famille en proie à l’intrus. Le texte contient une puissance et un mystère qui attirent les dramaturges. On se souvient de Roger Planchon, mais aussi d’Ariane Mnouchkine, pourtant peu coutumière du répertoire classique français. Elle avait transposé l’action dans le Maghreb musulman pour mieux révéler le fanatisme religieux exposé dans l’œuvre. Au Français, la pièce est reprise régulièrement et chaque génération de sociétaires la marque de sa griffe.

PARIS : Filage de la piece "Tartuffe" au theatre la Comedie Francaise Richelieu.

Après Corneille et Marivaux, pour ne parler que des classiques, Galin Stoev, en déjà habitué de la salle Richelieu, se voit confié une nouvelle lecture de Tartuffe. Il ne s’encombre pas d’une lecture doctrinaire. En choisissant un décor et des costumes volontairement hétérogènes, il montre une vie de famille bourgeoise, qui ne tourne pas  rond. Dès le début et d’après les imprécations de Madame Pernelle, étonnante Claude Mathieu dans un nouvel « emploi », tout va à vau-l’eau. Elle condamne brutalement sa couvée, qui semble vivre indolente et frivole dans un décor salonnard aux doubles miroirs. Elle ne jure, comme son fils Orgon, que par Tartuffe, cet homme étrange qui s’est installé chez eux. Les autres membres de la famille, rejoints par Dorine, l’intendante de la maison, ont plus que des doutes sur le caractère dévot du personnage. Ils flairent l’hypocrite et l’imposteur. Tartuffe, l’homme en noir, l’inquiétant Michel Vuillermoz, doublé de son vilain valet Laurent, s’emparera de la maison avec une facilité déconcertante. Orgon, Didier Sandre, lui tend une main naïve et tout est pris.

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Visiblement, Tartuffe veut tout et Orgon lui donne tout ce qu’il peut : sa fille, sa femme, la place de  son fils, biens et fortune. Il lui donnerait même son identité, pour que le « pauvre homme » puisse  enfin exister.

La mise en scène prend appui sur l’analyse des caractères. Les rôles sont d’une force incroyable.  Molière écrivait pour ses acteurs et les servait admirablement. La troupe actuelle regorge de  talents pour incarner à leur exacte mesure ces personnages. Galin Stoev sait les conduire au plus  juste, voire au plus surprenant.

 A commencer par Michel Vuillermoz, qui donne au monstre une terrible douceur et le sens de  l’implacable, jusqu’à la fin où il se décharne dans son destin fatal, comme un appel vers le vide, le  néant. Elsa Lepoivre prête à Elmire son élégance naturelle. Elle fait face à Tartuffe avec une intelligence active teintée de trouble ; la scène de séduction révèle tout le danger de l’entreprise. Dorine a l’ironie et l’humanité drolatique de Cécile Brune. Nâzim Boudjenah, en Valère, se perd joliment dans les méandres de l’amour.

Les deux nouvelles recrues, Anna Cervinka et Christophe Montenez ont tout ce qu’il faut pour rejoindre leurs glorieux ainés. La première prête à Marianne une puissance émotive, une personnalité forte, en évitant ainsi toute mièvrerie. Le second met toute sa fougue et sa fière allure au service de Damis, épris de loyauté et de justice.

Tartuffe, une pièce d’acteurs, prend sa place dans le bel écrin de la salle Richelieu. C’est surtout pour l’excellence de la troupe qu’on se souviendra de tout cela. Mais pas que… si c’est votre premier Tartuffe, vous aurez de quoi satisfaire l’œil et l’oreille.

Site internet

http://www.comedie-francaise.fr/
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