Le Blog du Cours Florent

Théâtre

Coup de chapeau à Valérie Nègre

Elle était radieuse dimanche soir, Valérie, sur la scène des Théâtre des Champs-Élysées. La salle a fait un triomphe à la reprise de Così fan tutte, dans la mise en scène d’Éric Génovèse.

C’est une reprise, le spectacle avait été créé en novembre 2008. Valérie était assistante. Cette fois, le beau sociétaire jouant dans Peer Gynt, au Grand-Palais (on en reparlera), elle devient « metteur en scène associé ». Ce qui veut dire qu’elle a travaillé, seule, avec la nouvelle distribution pendant quatre semaines. Ils sont six chanteurs, dont un seul, Pietro Spagnoli, a participé à la création. Les autres sont tout neufs. Elle en tire le meilleur. Ils sont époustouflants de jeunesse et de liberté. On ne peut plus dire que les chanteurs d’opéra ne savent pas jouer la comédie. Non seulement, ils chantent à merveille la difficile partition de Mozart, mais ils bougent, ils s’amusent, ils s’attristent, ils se répondent, ils se rapprochent, ils se fuient, dans le rythme exact de la musique, dans le sens précis du jeu. Valérie les a dynamisés (pour ne pas dire dynamités) et ils ont répondu plus que présents.

Le nouveau chef d’orchestre, Jérémie Rhorer, qui prend la suite de Jean-Christophe Spinosi, insuffle à son orchestre, le Cercle de l’Harmonie, talent et esprit, équilibre et vivacité. Le va-et-vient entre la fosse et le plateau est idéal.

De plus Valérie a engagé trois de ses anciens florentins, Solenne Catro, Fanny Estève et Nicolas Candoni, tout émoustillés de se retrouver dans ce tourbillon. Ils portent la joie au cœur et au visage.

Bref, c’est un enchantement que ce Cosi. Puissiez-vous avoir la chance de vous plonger dans cette allégresse !

FXH

Fragments d’un pays lointain

Après dix ans d’absence, un homme encore jeune revient chez lui, parmi les siens, pour annoncer sa mort prochaine, juste sa mort. Le Pays lointain est l’histoire de ce retour – un retour en forme de voyage.

À partir de ce postulat très simple, Jean-Luc Lagarce raconte, toujours à la limite de l’autobiographie (de l’autofiction), ce que peut être une vie d’homme – brève, c’est vrai, mais vie tout de même ! La famille, les amours (toutes les amours, celles d’une minute et celles avec qui on partagea tout, presque tout), les amis, la vie d’un artiste dans son époque…

La liste serait infinie. Nous avons voulu donner à voir cette multiplicité, cette ligne fracturée que fut la vie de Louis/Lagarce. Ce spectacle est une invitation au voyage – au voyage dans la vie de Louis et dans la nôtre. Comment dire ma vie, toute ma vie ?

L’écriture de Lagarce fait penser, au premier abord, à une spirale qui finirait dans le vague. Tout pourrait se dire avec le sourire triste de la désillusion. Nous avons pris le parti d’une parole droite, nette, d’une somme infinie d’idées furtives, de pensées courtes. Le Pays lointain, dernière œuvre de l’auteur, écrite quelques mois avant sa disparition – et qui reprend la trame de Juste la fin du monde – est une œuvre dense dans laquelle nous avons sélectionné les moments qui nous ont paru les plus forts. Et nous faisons dialoguer ce poème avec le Journal que Jean-Luc Lagarce a rédigé de manière quotidienne de 1977 jusqu’à sa mort. Ce spectacle, porté par de jeunes acteurs, parlera clair.

Au-delà de sa force poétique, l’écriture de Lagarce – notre travail sur son écriture – donne l’occasion de témoigner. Il est l’auteur d’une époque, d’une génération – celle qui a vécu la fin des utopies et l’irruption brutale du SIDA, avant la trithérapie. Sans aucune nostalgie, nous voulons, à notre tour, dire et montrer cela – un temps qui appartient aujourd’hui à l’Histoire. Après nos expériences du romantisme (Musset et Lorenzaccio, Schiller et Les Brigands), nous sommes partis à la recherche d’autres temps, d’autres signes poétiques. L’hôpital. Une machine à écrire. Un vieux téléphone. Les cartes postales. Autant d’images qui font aujourd’hui partie de nos mythologies. Voilà le mot : dire nos mythologies intimes.

 

Jean-Pierre Garnier

Léo Cohen-Paperman

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